| Nom
Surnoms
Adresse Ville Création Statut professionnel Président du conseil de surv. Président du directoire Entraîneur Joueur le plus capé Meilleur buteur | Association Sportive de Saint-Étienne Loire Les Verts, Sainté, l'ASSE et l'ASS (du nom de 1927 à 1933) 11 rue de Verdun L'Étrat 26 juin 1933 Depuis le 26 juin 1933 Bernard Caïazzo Roland Romeyer Laurent Batlles René Domingo (537 matchs) Hervé Revelli (175 buts) |
L'« Amicale des employés de la Société des magasins Casino » (ASC) est fondée en 1919 par le Groupe Casino, basé à Saint-Étienne et présidé par Geoffroy Guichard. Au fur-et-à-mesure, le nom du club change pour devenir en 1933 l'« Association Sportive de Saint-Étienne Loire » (ASSE).
Professionnel depuis 1933, l'AS Saint-Étienne est le club le plus couronné de France. L'apogée est atteint dans les années 1960 et 1970 avec neuf titres remportés en seulement quatorze saisons. En 1976, les Verts de Robert Herbin atteignent la finale de la coupe d'Europe des clubs champions, provoquant une ferveur nationale peu commune. Ils sont finalement battus par le Bayern Munich, sur un terrain devenu célèbre pour ses « poteaux carrés ».
L'équipe professionnelle est gérée par la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP) Association Sportive de Saint-Étienne Loire. Cette société est liée par le biais d'une convention à l'association loi de 1901 Association Sportive de Saint-Étienne Loire Association, structure qui regroupe le centre de formation et les équipes amateurs du club. Cette association a signé des conventions de partenariat avec une dizaine de clubs amateurs de la région comme le FCO Firminy, l'AS Poissy, l'AS Valence, le FC Rhône Vallées, l'ASF Andrézieux ou encore le Puy Foot 43 Auvergne.
Depuis son adhésion au professionnalisme le 26 juin 1933, l'ASSE réside au stade Geoffroy-Guichard.
L'institut de sondages Ipsos a réalisé un sondage en décembre 2019, auprès d'un échantillon représentatif de 5 000 français âgés de 16 à 75 ans intéressés par le football. L'ASSE est le club ayant la meilleure image de France avec 77% des votes, le plus sympathique avec 78% et le meilleur dans l'engagement citoyen et social avec 53% (grâce à l'association ASSE Cœur-Vert). Le club est troisième pour le prestige avec 76%, le dynamisme avec 74% et la formation avec 73%.
Qui sont Geoffroy, Paul et Pierre Guichard ?Ils ont été très importants dans l'histoire du club.
En hommage à ce qu'ils ont accompli, le stade porte le nom de « Geoffroy-Guichard ». Il est situé dans une rue portant le nom de « Paul et Pierre Guichard ».
La présentation de Geoffroy GuichardSon buste à l'accueil du stade
Geoffroy Guichard
Geoffroy Guichard est un entrepreneur français, né à Feurs le 21 juillet 1867 et décédé à Paris le 28 avril 1940.
Il a huit enfants avec sa femme Antonia Guichard :
- Clémence : née le 10 juillet 1890 et décédée le même jour ;
- Jean Marie Clément dit Mario : né le 16 juin 1891 et décédé le 15 août 1976 à l'âge de 85 ans ;
- Jean Claude Catherin : né le 1er mai 1892 et décédé le 9 août 1961 à l'âge de 69 ans ;
- Georges : né le 27 avril 1894 et décédé le 11 janvier 1971 à l'âge de 76 ans ;
- Clémence Claudine : née le 23 octobre 1897 et décédée le 18 mars 1984 à l'âge de 86 ans ;
- Paul François : né le 18 avril 1900 et décédé le 4 mars 1982 à l'âge de 81 ans ;
- Pierre : né le 8 janvier 1906 et décédé le 19 juin 1988 à l'âge de 82 ans ;
- Colette : née le 24 mars 1914 et décédée le 7 août 2001 à l'âge de 87 ans.
1892Geoffroy Guichard et le cousin de sa femme, Paul Perrachon, fondent sous le nom des « Établissements Guichard-Perrachon » une épicerie située dans un ancien casino, rue des Jardins (renommée depuis rue Michel Rondet), à Saint-Étienne. Antonia Guichard, femme de Geoffroy, travaille dans l'épicerie. Le couple Guichard vit dans le même bâtiment : les fenêtres de leur appartement, surnommé « le sénat » par leur personnel, donnent à l'intérieur du magasin.
1898A la suite du succès du concept, Geoffroy Guichard ouvre une première succursale, à Veauche, au 26 Avenue Irénée Laurent, sous le nom de « Casino ». L'enseigne « Casino » est fondée, conservant ainsi la mémoire des locaux de la première épicerie.
Aujourd'hui encore, les locaux situés à Veauche abritent un magasin Casino. Il s'agit d'un « Petit Casino ».
1901Geoffroy Guichard lance la première marque de distributeur française, la marque « Casino ».
1904Alors que les lois sur les retraites ouvrières sont en préparations, Geoffroy Guichard crée la caisse de prévoyance et d'assurance décès pour les gérants et les salariés de Casino qui devient l'année suivante la « Société de Secours Mutuels des Établissements Guichard et Perrachon ».
1910La société « Cités jardins », spécialisée dans la construction et la location d'habitations ouvrières, voit le jour.
1919Geoffroy Guichard crée l'« Amicale des employés de la Société des magasins Casino », l'ASC, qui deviendra plus tard l'« Association Sportive de Saint-Étienne ». Le stade de l'ASSE, construit sur un terrain alors propriété des établissements Casino, portera le nom de « Geoffroy-Guichard », le patriarche de la famille, par qui tout a commencé.
1923Geoffroy Guichard est promu Officier de la Légion d'honneur.
1929Âgé de 63 ans, Geoffroy Guichard quitte la société et la transmet à ses enfants. Le groupe compte près de 2 000 employés, 20 usines de production, 9 entrepôts, 998 succursales et 505 concessions.
1939On compte pas moins de 1 670 succursales.
28 avril 1940Geoffroy Guichard s'éteint à Paris à l'âge de 73 ans. Il repose dans le massif tombeau familial, à Feurs, sa ville natale.
Tombeau familial
Nom de Geoffroy Guichard sur le tombeau
Le groupe Casino compte aujourd'hui 12 000 magasins dans le monde entier, employant 330 000 collaborateurs. Le chiffre d'affaires s'élève à 45 milliards d'euros par an. C'est un des principaux groupes français actuels de grande distribution.
La présentation de Paul GuichardPaul Guichard est associé-gérant de l'entreprise Casino à partir de 1924, né à Saint-Étienne le 18 avril 1900 et décédé à La Fouillouse le 4 mars 1982.
Sixième des huit enfants de Geoffroy Guichard, il épouse à La Fouillouse le 17 juillet 1924, Marie-Noële Primat, fille de Jean-Antoine et petite fille d'Antoine Primat. Il grandit dans l'ambiance feutrée d'une famille aisée qui recueille les bénéfices d'une ascension florissante.
La présentation de Pierre GuichardPierre Guichard est associé-gérant de l'entreprise Casino à partir de 1934, né à Saint-Étienne le 8 janvier 1906 et décédé à Feurs le 19 juin 1988.
Il a six enfants, parmi lesquels, Agnès qui épouse à Saint-Étienne le 3 novembre 1965 Claude Verney-Carron, descendant d'un autre Claude Verney-Carron qui crée en 1820 l'entreprise Verney-Carron, fabricant français d'armes de chasse, aujourd'hui leader dans ce domaine.
Pierre Guichard est inhumé dans le tombeau familial.
Septième des huit enfants de Geoffroy Guichard, il grandit dans l'ambiance feutrée d'une famille aisée qui recueille les bénéfices d'une ascension florissante. Il est envoyé en Normandie pour y passer son baccalauréat. Il y apprend également les vertus du sport dans lequel il excelle, notamment en athlétisme et plus particulièrement sur le 1 500 mètres, où il obtient une brillante deuxième place au championnat de France scolaire.
1923A dix-sept ans, le voilà de retour auprès de son père qui entreprend aussitôt de lui apprendre les ficelles du métier. Il débute donc comme simple vendeur dans le plus ancien magasin de la société. Très vite, il s'impose.
1924Au retour de son service militaire qui ne dure qu'un an (privilège accordée en raison de la participation de trois de ses grands frères à la Première Guerre Mondiale), il s'implique dans l'Amicale des employés de la Société des magasins Casino.
1927Encouragé par son père qui pense que cette initiative mettra en avant ses qualités de dirigeant, Pierre Guichard accepte le poste de président qui lui est proposé par les cadres de l'entreprise. Il crée un journal « Nos sports » qui commente tous les résultats des différentes équipes qu'il encadre (athlétisme, football puis basket) et surtout il veut donner à son association une dimension supplémentaire. A cet effet, il favorise les rapprochements avec d'autres clubs existants comme le Stade Forézien Universitaire (SFU) et son équipe de rugby avec lequel il fusionne.
Même si cette association ne dure que trois ans, elle est le point de départ d'une ambition nouvelle qui l'incite à agrandir ses installations sportives et qui mèneront à la construction puis à l'inauguration en grandes pompes du stade Geoffroy-Guichard le 13 septembre 1931. Comme il le dévoile dans son discours devant un parterre de personnalités, Pierre Guichard « fera tout pour que Saint-Étienne puisse dans le monde sportif s'affirmer et se montrer digne de la renommée qu'elle s'est créée dans d'autres branches d'activité ».
Bien vite, le football devient l'élément moteur de l'association et justement depuis 1932, le football professionnel a fait son apparition en France. Pierre Guichard veut tenter l'aventure pour en finir avec cet amateurisme « marron » dont il avait fini par contourner les règles en payant en sous-main les bons joueurs qu'il voulait enrôler. Or certains d'entre-eux n'hésitent pas à quelques minutes du coup d'envoi à faire du chantage à la prime contre lequel président n'a aucun moyen de lutter.
1933C'est chose faite après bien des péripéties qui voit donc la création de l'Association Sportive de Saint-Étienne qui est engagée dans la Division 2. Le président se jette à corps et à fonds perdu dans la bataille pour un objectif unique : la montée en Division 1. A cette époque, l'équipe est surnommée « le club des millionnaires ». Les moyens de Casino permettent ainsi d'attirer de bons éléments.
1950L'ASSE traverse une période délicate. Les caisses sont vides. A la demande du maire de Saint-Étienne, Alexandre de Fraissinette, Pierre Guichard accepte de reprendre les commandes du navire tout en s'assurant l'aide des collectivités locales qui accordent une subvention exceptionnelle de l'ordre de trois millions d'anciens francs (4 560 euros) car Casino ne peut plus assumer seul les finances d'une équipe qui évolue en Division 1. C'est le début d'une collaboration étroite entre les pouvoirs publics et le club sans laquelle il n'aurait certainement pas connu le palmarès qui est le sien.
20 juillet 1950De retour aux affaires, le Président s'aperçoit bien vite qu'il est urgent de réorganiser les structures administratives et sportives de fond en comble afin de répondre aux exigences du football d'élite. A cet effet, il engage plusieurs hommes providentiels à des postes clés comme Charles Paret, organisateur né, capable de gérer tous les aspects administratifs que suscite le haut niveau. Autre décision lourde de conséquence : il confie la direction de l'équipe fanion à Jean Snella qui va révolutionner le football stéphanois.
1952Ainsi paré, l'ASSE peut repartir de l'avant et c'est avec le sentiment du devoir accompli qu'il peut céder son fauteuil à Pierre Faurand.
5 juin 1959L'embellie est de courte durée. Pierre Guichard est de nouveau sollicité lorsque Pierre Faurand doit quitter ses fonctions des suites d'une jaunisse.
Il retrouve son poste avec cette fois-ci une seule idée en tête : trouver rapidement un successeur d'envergure. Cet homme providentiel, il l'a remarqué au sein de son comité directeur. Il s'agit de Roger Rocher dont il préfère les compétences à celles de son concurrent, Alex Fontanilles, pourtant le favori logique.
17 avril 1961Lorsque Rocher est élu à la tête de l'ASSE, il peut passer définitivement la main et du haut de son poste de président d'honneur, il conserve un regard bienveillant en prodiguant tantôt des paroles de réconfort ou de félicitations lorsque cela s'avère nécessaire démontrant par la même qu'il est parfaitement tenu au courant de la situation sur son club de toujours.
1988Il s'éteint laissant derrière lui l'image d'un homme discret qui a su donner à l'ASSE une identité basée sur les notions de travail, d'abnégation, de passion et de dignité. Celles que lui avait inculqués son père et qu'il a tenu par-dessus tout à transmettre dans toutes les activités dont il a eu la charge.
L'histoireDe l'ASC à l'ASS7 avril 1919Peu de temps après la naissance de la Fédération Française de Football Association (FFFA), le groupe stéphanois Casino se lance de corporatisme comme tant d'autres entreprises à l'époque (Peugeot avec le FC Sochaux).
23 juillet 1919Une section sportive est créé par Geoffroy Guichard au sein de l'Amicale des employés de la Société des magasins Casino (ASC). Son objectif est de donner à ses employés la possibilité de pratiquer tous les sports dans les meilleures conditions. Athlétisme, basket-ball et football sont notamment pratiqués.
La couleur verte est immédiatement adoptée. C'est celle de la chaîne d'épiceries, choisie pour les magasins car c'était celle des stores du bureau du fondateur du Groupe Casino, Geoffroy Guichard.
Début 1920Selon le règlement adopté par la FFFA qui interdit l'utilisation des noms commerciaux pour nommer un club, le nom de Casino disparaît. Pour conserver les initiales ASC, on opte pour l'Amical Sporting Club.
Dans le même temps, la porte est ouverte à des joueurs non salariés du groupe.
1927Pierre Guichard, le fils de Geoffroy Guichard, est nommé président du club et succède ainsi à messieurs Godot et Moulin.
Sous l'impulsion de Pierre Guichard, l'Amical Sporting Club fusionne avec le Stade Forézien Universitaire et devient l'« Association Sportive Stéphanoise » (ASS).
13 septembre 1931Inauguration du
stade Geoffroy-Guichard.
15 mars 1932L'ASS ne se présente finalement pas comme candidat au championnat naissant car le club n'est pas encore sportivement et administrativement prêt au passage au professionnalisme. La première saison de la première division nationale commence donc sans eux en 1932-1933.
La naissance de l'ASSEJuin 1933L'ASS, devenue « Association Sportive de Saint-Étienne », se porte candidate à l'inscription en championnat professionnel. Leur modeste rang en championnat départemental va tout d'abord voir les Verts essuyer un refus au profit du Sporting Club de Saint-Étienne (trente-deuxième de finaliste de la Coupe de France 1930, 1931, 1934 et 1936) et alors en Division d'Honneur de la Ligue du Lyonnais. Le Sporting Club de Saint-Étienne ne peut toutefois pas présenter toutes les garanties financières exigées.
Adhésion au professionnalisme
26 juin 1933Les Verts sont promus au statut professionnel en second choix. Le championnat professionnel de première division affichant complet, le club est inscrit dans le tout nouveau championnat interrégional (Division 2 de l'époque) qui est composé de deux poules. Les Verts rejoignent la poule sud.
3 septembre 1933L'ASSE dispute son premier match professionnel face au SC La Bastidienne à Bordeaux. Composée d'inconnus avec le britannique Albert Locke qui cumule les fonctions de joueur et d'entraîneur, l'ASSE traverse toute la France pour se rendre à Bordeaux, sur la pelouse du « Onze de la Bastidienne ». Bien que les Verts manquent encore d'homogénéité, le talent individuel fait la différence : ils s'imposent 3-2. De quoi remplir d'espoir les quelques stéphanois qui ont tenu à effectuer ce tout premier déplacement.
17 septembre 1933L'ASSE dispute son premier match professionnel au stade Geoffroy-Guichard face au FAC Nice. Le match se solde là encore par une victoire 3-2. Ce match, même si c'est le premier match officiel au stade, ne comptera pas car le FAC Nice déclarera un forfait général peu après dans la saison.
1933Le club se dote d'un effectif de valeur, comprenant notamment le gardien international Laurent Henric.
Premier match de Coupe de France avec un statut professionnel (la dix-septième du nom) contre La Grand-Combe (ville minière du Gard), les Verts l'emportent 11-0.
Les Verts jouent leur premier et deuxième derby contre le FC Lyon.
1934Malgré une intendance qui a du mal à suivre (le service administratif se limite à une dactylo à mi-temps), l'ASSE rate d'un rien la promotion terminant à deux points des promus de l'Olympique Alès.
Les bons résultats ont pour effet de voir déjà la création du premier club de supporters de l'ASSE. A la base, les soixante-douze premiers inconditionnels des Verts.
Saison 1937-1938Après avoir lutté sans succès pour l'accession pendant cinq saisons, le club monte vers l'élite. La montée se joue lors de la dernière journée et les Verts sont condamnés à faire un résultat à domicile face à Tourcoing. A la mi-temps, le score est de 2-2. Tout reste à faire. Au coup de sifflet final, les stéphanois s'imposent 7-2. Les Verts rejoignent l'élite pour la première fois en se classant première de la poule interrégionale sud et deuxième de la division nord-sud, derrière Le Havre.
Été 1938Ce succès encourage les dirigeants à amplifier leurs efforts en recrutant des joueurs de renom. Mais engager des footballeurs de qualité coûte cher et, confronté à un déficit structurel du club, Pierre Guichard doit régulièrement combler les pertes.
Comme souvent, c'est avec son argent personnel qu'il recrute deux joueurs internationaux : Karel Hès, le tchèque de Metz, et Karl Hummenberger, l'autrichien de Strasbourg, avant de décrocher la signature d'un certain Jean Snella, international français B et futur entraîneur mythique des Verts, en provenance de Lille.
Les premières joutes de l'éliteSaison 1938-1939C'est la première saison en Division 1. Lors des premiers matchs, le stade Geoffroy-Guichard obtient son record d'affluence avec déjà près de quinze mille spectateurs, alors que le stade ne comporte qu'une seule tribune prolongée par une main courante, le long du terrain.
1939-1945La guerre et l'occupation arrêtent cet élan sportif. Cette période troublée est marquée par la suppression purement et simplement du professionnalisme et la constitution voulue par les autorités de Vichy d'équipes fédérales qui regroupent les meilleurs éléments de chaque région. Le club figure en championnat régionale mais sans classement.
3 septembre 1939Début du nouveau championnat en poules. Les Verts sont dans la poule « Sud-Est-Lyonnais ».
1940Décès de Geoffroy Guichard, fondateur du Groupe Casino et du club et propriétaire des terrains du stade lors de sa construction.
Troisième derby contre un autre club lyonnais, le club de Lugdunum en Coupe de France (score : 13-0).
Saison 1940-1941Première finale de la Coupe Charles Simon.
1941Finale régionale de la remplaçante de la Coupe de France en présence de Jules Rimet, Georges Bayrou et M. Mallaret (président de la Ligue du Lyonnais) au stade Fernand-Bouisson (15 000 spectateurs). Toulouse 1-0 ASSE.
Premier match de la saison : OM-ASSE au stade Vélodrome devant le journaliste Georges Briquet chargé de le commenter. OM 8-3 ASSE.
Saison 1941-1942ASSE et OM, début d'une friction.
1942Quatrième et cinquième derby et encore un autre club lyonnais. Cette fois, c'est le Lyon olympique universitaire.
Saison 1942-1943Troisième Lyon en neuf ans.
1943En total désaccord avec cette nouvelle orientation du championnat qui détruit quinze années d'efforts, Pierre Guichard démissionne de la présidence du club pour se consacrer à son entreprise dans laquelle il est amené à prendre les premiers rôles à la suite de la mort de son père trois ans plus tôt.
1945Sous la conduite de Gabriel Perroudon, président en poste depuis deux ans en remplacement de Paul Laval décédé le 6 septembre 1943, le club repart sur sa lancée d'avant-guerre.
Les premiers trophées1955Les Verts remportent leur première compétition officielle, la Coupe Charles Drago.
1957Les Verts remportent leur premier championnat de France.
1962Les Verts remportent leur première Coupe de France face à Nancy (1-0).
1963Les Verts remportent leur premier championnat de Division 2.
Le championnat et l'entrée en Europe1957Le club devient champion de France pour la première fois et fait ses premiers pas en coupe d'Europe en 1958 face aux Glasgow Rangers.
1961Roger Rocher devient président.
1962Le club remporte la Coupe de France, ce qui n'empêche pas l'ASSE de descendre en division 2.
1963Les Verts remontent aussitôt en division 1 après une année de purgatoire. À noter, qu'ils sont accompagnés par un club qui ne redescendra qu'à l'issue de la saison 2006-2007 : le FC Nantes.
1964L'ASSE remportent son second titre de champion de France en étant promu ! Bizarrement, c'est Nantes qui sera champion les 2 années suivantes, débutant ainsi une longue et belle rivalité entre les deux clubs.
Entre 1967 et 1970Les Verts gagnent le Championnat tous les ans et remportent aussi deux Coupes de France (1968 et 1970). La belle série sera interrompue en 1971 après l'affaire Carnus – Bosquier. Ces 2 internationaux stéphanois s'étaient engagés, avant le fin de la saison, et pour la saison suivante, avec l'OM qui luttait avec l'ASSE pour le titre. Ce n'était pas du tout l'usage à l'époque même, si le nouveau contrat à temps changeait la donne. Cette affaire fit scandale et donna lieu a une joute médiatique épique entre, le fantasque président marseillais Marcel Leclerc et son homologue stéphanois Roger Rocher. Finalement, celui-ci décida la mise l'écart des 2 joueurs, contre l'avis de l'entraîneur Albert Batteux. Résultat, L'OM coiffait l'ASSE sur le fil, la privant ainsi de son 5e titre consécutif. Carnus et Bosquier furent encore champions l'année suivante avec l'OM, pendant qu'Albert Batteux désabusé quittait le club et laissait sa place à un jeune entraîneur qui arrêtait sa carrière de joueur pour la bonne cause et qui allait devenir un personnage emblématique du club, Robert Herbin. Une nouvelle page de l'histoire du club s'ouvrait, la plus belle sans doute.
L'affaire Carnus-Bosquier (mai 1971)L'ASSE surmonte sa première des cinq affaires qu’elle connaîtra en trente ans. La médiatisation du football les fait sortir au grand jour.
1945-1969Remontons l'histoire du football pour comprendre les prémisses de l'affaire Carnus-Bosquier.
Au sortir de la Seconde guerre mondiale, le championnat de football professionnel est refondu. En signant son contrat, le joueur s'engage dans un club jusqu'à l'âge de trente-cinq ans, c’est-à-dire jusqu'à la fin de sa carrière. C'est le « contrat à vie ». Le joueur devient alors la propriété du club qui peut le céder à sa guise en obtenant une indemnité sans que le joueur ait véritablement son mot à dire.
En 1963, le rémois Raymond Kopa prend la tête d'une fronde contre le contrat à vie qu'il associe à de « l'esclavage ». Cette sortie médiatique fracassante lui vaut six mois de suspension. Le système fini par craquer sous la pression notamment de l'Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP), un syndicat de joueurs fondée deux ans plus tôt.
En 1964, un premier pas est fait avec la création d'un régime de prévoyance permettant aux joueurs d'obtenir un pécule au terme de leur carrière.
Après les événements de mai 68, le contrat à vie est aboli.
En juillet 1969, la France met en place le « contrat à temps », à durée limitée et variable, pour les joueurs professionnels. Elle devient ainsi le premier pays au monde à instaurer ce système. Cette réforme fait grincer les dents des dirigeants qui regrettent le contrat à vie.
Saison 1970-1971L'ASSE mène le championnat de France depuis 1967. Georges Carnus, Bernard Bosquier, Robert Herbin, Salif Keïta, Georges Bereta et Hervé Revelli sont les maîtres de la France. L'attaque est prolifique et la défense solide. Mais trois membres de la ligne arrière ont leur contrat à temps qui expire : les défenseurs Wladimir Durkovic et Bernard Bosquier, et le gardien Georges Carnus.
Le club essuie les plâtres du nouveau dispositif. Les premiers contrats à temps arrivent donc à leur terme et Roger Rocher n'a pas son mot à dire. Les présidents proposent et les joueurs choisissent.
Début mai 1971Le président de l'OM, Marcel Leclerc, convainc Bernard Bosquier et Georges Carnus de signer au club phocéen pour la saison suivante.
6 mai 1971Le journaliste sportif Gérard Simonian en fait l'écho dans le journal Le Progrès : « razzia spectaculaire sur l'AS Saint-Étienne. Carnus (certain), Bosquier (probable) à Marseille la saison prochaine ». La bombe est lâchée et défraie la chronique. En plein championnat, on apprend que deux joueurs rejoindront le rival la saison suivante. L'annonce de leur départ tombe mal, les deux hommes doivent assurer pour finir champions.
Georges Carnus se défend mais ne dément pas : « j'ai choisi dès que Marseille s'est mis sur les rangs. Les propositions de Roger Rocher étaient très acceptables mais j'avais l’occasion de me rapprocher de ma famille avec les mêmes avantages ». Vis-à-vis du public, « je peux prendre un but idiot mais je fais confiance à l'intelligence d'un public composé en majorité d'anciens footballeurs. Il doit savoir que ça arrive ». Il approuve ce nouveau contrat à temps : « c'est une bonne chose et c'est normal. Dans les autres secteurs, un cadre peut choisir son entreprise selon le salaire proposé et ses propres affinités ».
Le gardien stéphanois est discret. Recruté en 1967 en provenance du Stade français, il succède à Pierre Bernard. Dur challenge que le portier international réussit sans trop de mal. Son travail change mais ne devient pas plus facile : il ne négocie que deux ou trois ballons chauds par match, bien protégé par une défense de haut niveau. Étant le dernier rempart, il ne doit pas se louper.
Bernard Bosquier s'explique dans la presse : « on dit que j'ai 90 chances sur 100 d'aller à Marseille, 90 de devenir parisien et 90 d'aller à Rennes. Cela fait beaucoup de chances. J'ai des propositions, c'est vrai. Mais pour l'instant, je suis stéphanois et j'ai quelques devoirs envers le public ».
Le défenseur stéphanois est arrivé de Sochaux en 1966. Il débute à Alès en 1959. Parti dans le Doubs en 1961, cette valeur sûre nationale tape dans l'œil de Roger Rocher et de Jean Snella. Il est sacré « footballeur de l'année » en 1967 et titulaire en équipe de France. Défenseur central solide, il n'hésite pas à passer la ligne médiane pour prêter main-forte en avant.
Le bilan des deux joueurs est parfait : champions à chaque saison.
8 mai 1971L'ASSE reçoit les Girondins de Bordeaux pour le compte de la 31ème journée. Ce match n'est qu'une étape vers un cinquième titre stéphanois. Bordeaux vient de se sauver de la relégation et a donc l'esprit libre. Pendant ce temps, l'Olympique de Marseille, deuxième avec trois points de retard, se déplace à Lyon.
Roger Rocher affirme en déclaration d'avant-match, utilisant l'affaire pour remettre en cause le nouveau contrat à temps : « je souhaite garder ces deux joueurs. J'enregistre simplement la manière qui n'est pas très élégante sur le plan sportif. Que va-t-on dire si Bosquier fait une faute et si Carnus encaisse un but stupide ? Décidément, ce contrat à temps comporte beaucoup de défauts », « je n'accuse pas Carnus ni Bosquier, j'accuse le contrat à temps qui démobilise les joueurs avant terme ».
Le coup d'envoi est donné. Le public regarde attentivement les deux joueurs sur le départ. Il les insulte et les siffle à la moindre de leurs interventions. Georges Carnus apparaît fébrile pendant le match alors que Bernard Bosquier semble s'accommode plus facilement à l'ambiance. Les Verts mènent 2-0 après trente-sept minutes, sur des buts de Salif Keïta et de Georges Bereta. Bordeaux réduit le score à trois minutes de la mi-temps sur une sortie manquée de Georges Carnus, visiblement gêné et chahuté sur l'action. A la mi-temps, André Gérard, l'entraîneur bordelais, est furieux contre l'arbitre notamment sur le premier but stéphanois. La deuxième période reprend calmement, puis Bordeaux domine quand les Verts jouent mal. Un coup franc bordelais ramène les deux clubs à égalité. Didier Desremeaux tire en force dans le mur, le ballon est dévié mais passe quand même et Georges Carnus, pris à contre-pied, s'interpose du pied mais Bent Jensen suit et se jette. 2-2, stupeur à Geoffroy-Guichard. Bordeaux ne pousse pas plus, se contentant du nul. A dix minutes de la fin du match, Bent Jensen centre, la défense stéphanoise et Georges Carnus sont statiques. Tout le monde croit au hors-jeu sauf Carlos Ruiter qui marque. A la surprise générale, les stéphanois perdent le match sur le score de trois buts à deux. Le public, qui adulait le gardien stéphanois une semaine avant, le bombarde de projectiles.
Dans les vestiaires, portes closes pendant dix bonnes minutes, Roger Rocher parle aux joueurs. Par la suite, les journalistes entrent. Gérard Ernault, pourtant pas le plus virulent, s'entretient avec Georges Carnus quand Roger Rocher le tire violemment par le bras et le sort du vestiaire. Gérard Ernault est l'envoyé spécial du journal « But ! » créé par Marcel Leclerc, le président de l'OM. Du pain béni pour le journaliste dont l'hebdomadaire n'hésite pas à tirer à boulet rouge sur l'ASSE pour rajouter de l'huile sur le feu. La soirée des deux joueurs n'est pas terminée. Ils sont attendus à la sortie du stade par une poignée de spectateurs. Georges Carnus se fait raccompagner sous les huées, à la limite des coups. Quant à Bernard Bosquier, il est aussi pris à parti mais il est peu impressionnable et passe aisément à travers la foule se permettant même de signer des autographes.
9-15 mai 1971La presse se focalise surtout sur Georges Carnus qui subit un flot de critiques, décrit comme fébrile et médiocre ce soir-là.
Le gardien stéphanois déclare : « après ce match, j'ai dû me battre pour monter dans ma voiture. Certes, je n'avais pas été très bon mais toute la semaine, on m'avait répété "surtout ne prends pas un but bête, attention au but idiot". Et bien sûr, j'ai pris trois buts ».
9 mai 1971L'entraîneur Albert Batteux et le groupe sont unanimes pour crier à l'injustice et appellent tous les supporters à plus de raison.
12 mai 1971Georges Carnus et Bernard Bosquier éprouvent le besoin de se justifier et participent à une interview pour « Information première », le journal télévisé de l'ORTF. Interrogés par Étienne Mougeotte, ils confirment qu'ils ont bien donné leur promesse de signer à Marseille la prochaine saison. Ils précisent néanmoins qu'ils vont tout faire pour permettre à l'ASSE de remporter son cinquième titre consécutif.
13 mai 1971Roger Rocher convoque les deux joueurs à son bureau après l'entraînement auquel ils ont participé normalement. Il leur signifie à leur grande stupéfaction leur renvoi pur et simple, contre l'avis d'Albert Batteux. L'affaire fait scandale. Ce sera une polémique majeure dans l'histoire du club.
14 mai 1971Les joueurs licenciés reçoivent en recommandé la lettre suivante : « Monsieur, nous avons le regret de vous faire connaître qu'en séance extraordinaire du mercredi 12 mai 1971, le conseil d'administration a considéré que la révélation des accords que vous avez conclu avec l'Olympique de Marseille et que vous avez confirmés, constituait une faute particulièrement grave de nature à justifier une telle décision. En conséquence, votre contrat se terminera à réception de la présente et les services administratifs du club procèderont à la liquidation normale de tous comptes et vous délivreront tous documents utiles. Veuillez agréer, Monsieur, nos salutations distinguées. Le président, Roger Rocher ».
Le président stéphanois a peut-être considéré que cette situation était néfaste pour l'équilibre de sa formation. Il a appris notamment que Bernard Bosquier et Salif Keïta en étaient presque venus aux mains pour une broutille et il a peut-être peur que les futurs marseillais aient une influence néfaste sur leurs coéquipiers. A moins qu'il ait pensé que ces deux joueurs pouvaient favoriser Marseille en levant le pied pour pouvoir jouer la Coupe d'Europe des Clubs Champions avec leur futur club.
Fin de saison 1970-1971Cette décision est lourde de conséquence. L'équipe, décontenancée par cette décision brutale, perd progressivement pied et laisse Marseille s'échapper définitivement, terminant à quatre points derrière les phocéens, finalement champions de France. La perte du titre marquera la fin du premier âge d'or stéphanois.
Certains disent que Roger Rocher a sacrifié le titre au lieu de céder sur ses principes. Le quotidien généraliste France-Soir écrit : « les joueurs, depuis qu'ils ne sont plus les esclaves des clubs, depuis qu'ils se mettent aux enchères pour des contrats à temps, se sont mués en mercenaires. Cela, le président Rocher, de l'Association Sportive de Saint-Étienne, ne l'admet pas. Mais le président Leclerc, de l'Olympique de Marseille, en fait son beurre... ».
Saison 1971-1972Gérard Migeon devient le gardien numéro un de l'ASSE. Il signera à Marseille deux ans plus tard.
L'ASSE se classe sixième quand l'OM réalise le premier doublé coupe-championnat de son histoire.
Saison 1972-1973Au début de la saison, les présidents de club décident unilatéralement de revenir au contrat à vie.
Décembre 1972Les joueurs professionnels font grève. Le Ministre des Sports, Joseph Comiti, gère la crise.
1973Les joueurs professionnels obtiennent gain de cause avec la rédaction d'une charte du football professionnel qui fait office de convention collective. Grâce à elle, les deux parties s'engagent sur une durée de contrat convenue ensemble. Il est désormais possible de rompre cet accord, ce qui donne lieu à des indemnités de rupture ou de transfert variant en fonction de l'âge du joueur, de son salaire et de la durée du contrat initial.
L'affaire Keïta (avril-mai 1972)15 avril 1972Salif Keïta, alias la « Panthère noire » (qui est l'emblème du club depuis 1970), exprime à ses dirigeants son souhait de quitter l'ASSE car il n'est pas satisfait de sa situation, financière notamment. Considéré comme le joueur ayant tenu l'équipe à bout de bras au cours de la saison grâce à vingt-neuf buts marqués toutes compétitions confondues, il n'honore pas son engagement de prolonger son contrat avec les Verts.
L'OM est le principal acheteur et propose une somme d'un million de franc pour l'acquérir (environ 150 000 euros). Roger Rocher ressent encore de la rancœur envers l'affaire Carnus-Bosquier et ne souhaite pas commercer avec le club marseillais. Il déclare publiquement que le joueur est officiellement lié au club jusqu'en 1973 et qu'il est par définition intransférable. Cette affirmation est partiellement fausse puisque ce lien tient avec une clause libératoire de dix mille francs, soit une somme dérisoire vis-à-vis du montant évoqué par l'OM et qui ne constitue pas un frein économique au désir de l'OM.
17 avril 1972Le club marseillais signe un chèque de dix-mille francs. Salif Keïta n'appartient plus à l'ASSE.
Roger Rocher se venge de son départ en révélant au Groupement, qui est la haute instance du football français, que le contrat du joueur malien comporte cette close libératoire qui est interdite par les règlements. L'ASSE écope d'une amende de trente mille francs et le joueur de six mois de suspension.
Les jours suivants, Salif Keïta donne des entretiens à la presse sur son désir de porter plainte au civil puis se rétracte au motif de se désengager le plus rapidement du club stéphanois.
Mai 1972Une fois l'affaire entérinée, l'ancien stéphanois signe pour l'OM.
Juin 1972Robert Herbin arrive sur le banc.
19 novembre 1972L'ASSE joue contre l'OM au stade Vélodrome. Le hasard du calendrier fait que Salif Keïta peut retourner sur les terrains dès ce match. Après avoir marqué sous ses nouvelles couleurs, il fait un bras d'honneur à son ancien président, ce qui lui vaudra une nouvelle suspension.
L'affaire Bereta (novembre 1974-janvier 1975)Fin novembre 1974Roger Rocher et Fernand Méric, président de l'OM depuis sept mois, trouvent un accord pour le transfert de Georges Bereta, sans qu'il soit consulté. Il s'en suit dès lors un feuilleton entretenu par la presse sur l'avenir du joueur. Georges Bereta souhaite avant tout rester à Saint-Étienne mais son président accepte sans hésitation la somme de 500 000 francs proposée par l'OM pour le transfert du fait que le club stéphanois connaît des troubles financiers.
6 janvier 1975Le joueur est officiellement marseillais. Georges Bereta ressent principalement de l'amertume et de l'incompréhension vis-à-vis de ses dirigeants. Il était la star du club ainsi que le capitaine de l'équipe et ne comprend pas que son entraîneur, Robert Herbin, ne lui apporte aucun soutien et donne le feu vert sportif au président en lui confiant qu'il a dans son effectif des joueurs capables de remplacer Georges Bereta en cas de départ.
L'ancien stéphanois déclarera : « je suis devenu le premier joueur français transféré au mercato ».
Jean Snella et l'épopée européenne des Verts1974 et 1975Le club signe deux nouveaux doublés Coupe-Championnat en 1974 et 1975.
1976L'ASSE remporte son neuvième titre de champion de France. La même année, le club échoue en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions face aux Allemands du Bayern de Munich. Les vice-champions d'Europe (équipe finaliste en 4-3-3) : Ivan Curkovic, Pierre Repellini, Oswaldo Piazza, Christian Lopez, Gérard Janvion, Dominique Bathenay, Jacques Santini, Jean-Michel Larqué, Patrick Revelli, Hervé Revelli, Christian Sarramagna, Dominique Rocheteau.
1977L'ASSE remporte sa sixième Coupe de France.
1981L'ASSE remporte son dixième titre de champion de France.
La « fièvre verte »Alors que, jusqu’en 1974, les Foréziens n'ont guère brillé sur la scène européenne, ils se rendent célèbres dans toute la France lors de la coupe de champions de cette année. Il y eut bien cet exploit en 1969, au cours d'une soirée mémorable, la première à Geoffroy-Guichard, durant laquelle le déjà grand Bayern de Munich fut sorti de la compétition par une belle équipe verte emmenée par un Keita des grands jours. Mais l'exploit resta sans suite et, au tour suivant, le présumé modeste Légia de Varsovie vint refroidir le public stéphanois.
Depuis l'épopée du Stade de Reims datant des débuts de la coupe d'Europe, aucun club français n'a pu rivaliser avec les pays voisins. Tous ou presque avaient un jour connu leur heure de gloire : Espagnols, Portugais, Italiens, Anglais, Allemands ou même Hollandais et Belges. À tel point que passer un seul tour, pour un club français, était considéré comme une performance.
Les trois hommes responsables de la performance stéphanoise sont le président Roger Rocher, secondé par Pierre Garronnaire, inventeur du métier de recruteur, et Robert Herbin jeune entraîneur.
Ce n'était pas le résultat obtenu sur la pelouse grasse du stade d'Hajduk Split en Yougoslavie, en cet après-midi d'octobre, qui allait donner quelques illusions. Battu 4-1, l'ASSE avait reçu une belle leçon de football. Pourtant, des illusions, on en avait eu car, cette année-là, le premier tour avait été franchi contre le Sporting de Lisbonne, champion du Portugal, et ce n'était pas une formalité.
Après la déculottée yougoslave, la résignation était revenue, à tel point que la télévision se désintéressa du match retour, et que les tribunes de Geoffroy-Guichard n'étaient pas entièrement garnies.
Pourtant ce soir là, Saint-Étienne se qualifia en battant les Yougoslaves 5-1, après un match au scénario extraordinaire, dans un stade en délire.
Au tour suivant les Polonais de Ruch Chorzów auraient, dès le match aller, stoppé net l'épopée, si Saint-Étienne n'avait pas in extremis limité les dégâts en marquant 2 buts, les Polonais menant alors 3-0. La qualification n'était pas compromise et le match retour allait le confirmer. 2-0, devant un stade cette fois plein à craquer, les tribunes étant remplies de gens venus de la France entière, malgré la neige.
Le grand Bayern se dressait à nouveau sur la route de nos glorieux stéphanois, en route pour la finale. Cette fois, Beckenbauer et ses coéquipiers firent valoir leur expérience, celle qui faisait tant défaut au football français. Après avoir obtenu le nul 0-0, sur la pelouse de Geoffroy-Guichard encore enneigée, il s'imposèrent logiquement en Allemagne 2-0. Saint-Étienne est le second club français à atteindre les 1/2 finales de la coupe d'Europe. C'était une équipe sans stars, composée de jeunes joueurs talentueux et besogneux, formés au club et qui surtout, véhiculaient les valeurs d'une ville encore noire : travail, volonté, humilité et encore travail, et porté par un public fan(atique).
Un journaliste, impressionné par cette atmosphère, qualifie un jour cette arène bouillonnante de « Chaudron » ! Ce nom est resté comme synonyme de Geoffroy-Guichard.
Après 1981, la « grande » époque des Verts est terminée. Le palmarès national glané est sans égal et sur la scène internationale à défaut d'une Coupe des Champions pourtant mille fois méritée, Saint-Étienne a su décomplexer en partie le football français.
L'affaire de la caisse noire (1982-1991) et la traversée du désertDébut 1982La politique commerciale que Roger Rocher entend mener pour l'avenir du club (le partenariat avec la société de marketing sportif IGM-Mc Cormack) est pour beaucoup une voie sans issue et ce d'autant plus que des soupçons de malversations financières se font de plus en plus pressants. Le mécontentement se généralise et les premières rumeurs de caisse noire sont propagées par les Membres Associés, groupe de supporters créé par Roger Rocher, qui n'accepte plus le système autocratique du président de l'ASSE. André Buffard, avocat et membre du conseil d'administration de l'ASSE, enregistre tous les mécontentements et sent qu'il faut dénoncer les dérives du système en place.
17 mars 1982André Buffard, Henri Fieloux (avocat et vice-président temporaire du club) et Serge Epitalon (membre du conseil d'administration de l'ASSE) se rencontrent afin de mettre en place un plan d'action. Après cette entrevue, les trois hommes s'assurent rapidement une majorité au sein du conseil d'administration prévu le 5 avril et ils obtiennent le soutien de Pierre Garonnaire, recruteur de l'ASSE, ainsi que celui de Robert Herbin qui en tant que salariés du club, se tiendront néanmoins à l'écart de l'agitation à venir.
31 mars 1982 Les frondeurs prennent alors rendez-vous avec Roger Rocher afin d'officialiser leur action. Ce dernier est déjà au courant des tractations en coulisse informé par Pierre Fourneyron, un fidèle industriel local, arrivé au conseil d'administration deux ans auparavant.
La confrontation a lieu au bureau du nouveau vice-président, Louis Arnaud, à Sorbiers. Sont présents André Buffard, Henri Fieloux, Louis Arnaud, Roger Rocher et Georges Charra, autre membre du conseil d'administration chargé des relations avec les spectateurs, également très attaché à son président. Ils mettent tous les griefs sur la table à la grande stupéfaction de Roger Rocher qui ne s'attend pas à pareille rébellion et qui n'a dès lors qu'une envie : briser la contestation. Les protagonistes promettent néanmoins de se revoir avant la tenue du conseil d'administration du 5 avril.
Nuit du 31 mars au 1er avril 1982Mis au courant des évènements, Jacques Vendroux et Eugène Saccomano, d'imminents journalistes sportifs, sont à Saint-Étienne pour recueillir les divers témoignages.
Ils ont eu Roger Rocher qui a parlé de complot et André Buffard qui est resté vague. Jacques Chopin, dirigeant des Membres Associés, déballe toute son amertume sur les antennes radio.
1er avril 1982L'affaire de « la caisse noire » fait la Une de tous les quotidiens. L'ASSE, qui connaît de gros problèmes financiers, a masqué de l'argent au fisc. Le journal Loire-Matin, par Jacques Murgue, prend fait et cause pour les frondeurs quand le journal Le Progrès, par Gérard Simonian, s'affiche aux côtés de Roger Rocher.
Averti, le maire communiste de Saint-Étienne, Joseph Sanguedolce, rend public un communiqué de soutien envers Roger Rocher. Son premier adjoint, Paul Chomat, affirme que ce sont des ambitions municipales qui ont poussé André Buffard à agir.
5 avril 1982Le conseil d'administration ne servira à rien. Roger Rocher apparaît en conciliateur, promet d'être moins dictatorial, s'excuse auprès des Membres Associés qu'il a offensés. Il confirme qu'il perçoit des indemnités de la part de l'ASSE, révélation qu'il avait toujours caché jusque-là. Il accepte de revoir l'accord avec IGM-Mc Cormack qu'il qualifie d'avant projet, minimise les difficultés financières du club et il justifie le salaire d'Yvan Curkovic, payé 25 000 francs par mois alors que ses responsabilités sont bien floues.
9 avril 1982Robert Herbin, qui est également entré en conflit avec Roger Rocher, a sa villa méticuleusement fouillée et ses chiens sont drogués.
15 avril 1982André Buffard et Henri Fieloux rencontrent les représentants d'IGM-Mc Cormack et ils apprennent que Roger Rocher a bien signé un accord avec eux contrairement à ce qu'il avait affirmé au conseil d'administration.
Pierre Guichard, le fondateur du club, fait alors savoir qu'il souhaite une réconciliation entre Roger Rocher et Robert Herbin. Il rencontre successivement tous les protagonistes dont André Buffard en espérant des concessions de part et d'autres mais il évite de prendre parti dans la crise.
6 mai 1982André Buffard apprend par un confrère, Jean-Pierre Cochet qui s'occupe des intérêts de Roger Rocher, comment sont utilisés les fonds provenant de cette caisse noire. Le confrère confirme que son client envisage de licencier Robert Herbin et Pierre Garonnaire. Ces informations obligent les frondeurs à convoquer un nouveau conseil d'administration pour le 17 mai où il sera question de la gestion financière et des licenciements envisagés.
16 mai 1982La veille du conseil d'administration, une vingtaine de membres du conseil se réunissent à Saint-Priest-en-Jarez chez Jean-Pierre Canivet, membre lui aussi. André Buffard à leur tête, leur détermination est totale et ils le font savoir à Jean Brunel, le trésorier du conseil. Invités, Pierre Garonnaire et Robert Herbin précisent leur pensée.
17 mai 1982Mis en minorité, Roger Rocher doit s'attendre lors du conseil d'administration à rendre des comptes sur cette caisse noire. Acculé, peu avant le conseil, le président de l'ASSE donne rendez-vous à André Buffard et Henri Fieloux à Sorbiers. Malgré le soutien de Joseph Sanguedolce, Roger Rocher leur annonce l'intention de démissionner le soir même en espérant que tous sauront laver leur linge sale en famille. Il confirme cette démission lors du conseil d'administration et André Buffard prend le poste par intérim.
Sept des proches de Roger Rocher membres du conseil d'administration démissionnent aussi.
La première tâche du nouveau président par intérim est de boucler le budget pour la prochaine saison et de valider les comptes à condition d'obtenir les chiffres que la direction sortante refuse de fournir.
30 mai 1982En marge de l'assemblée générale annuelle de la Ligue Nationale de Football (ancien nom de la LFP) et de la FFF, la rumeur d'une caisse noire de huit millions de francs à Saint-Etienne commence à circuler dans les rédactions.
9 juin 1982Une médiation assurée par Jean Sadoul, président de la Ligue, et Fernand Sastre, président de la FFF, est organisée à Paris en présence entre autres de Roger Rocher, André Buffard et Jean Brunel. Les comptes présentés à cette occasion par l'ancien président de l'ASSE sont minorés et sans justificatifs disponibles. Les commissaires au compte refusent d'enregistrer les comptes.
Les présidents de la LFP et de la FFF conjure les protagonistes de trouver un terrain d'entente pour l'avenir du club et pour la sénérité des internationaux stéphanois qui préparent la Coupe du Monde 1982 en Espagne. A leur retour, André Buffard et Henri Fieloux rencontrent le maire de Saint-Étienne. Ce dernier ne cache pas son agacement et il redoute que cette affaire ne ternisse la fin de son mandat.
Dernière modification le 10 avril 2023